Nos journées sont ponctuées de choix, qu’ils soient insignifiants (spaghetti carbonara ou bolognaise ?), ou un peu plus conséquents (emploi A ou emploi B ?). Pour d’autres, les arbitrages qu’ils sont contraints de réaliser au quotidien sont bien plus contraignants, comme pour Elisabeth, qui doit choisir entre « faire rouler sa voiture ou s’alimenter ».
Dans ces conditions fragiles, les concessions en matière d’hygiène deviennent moins évidentes. Pour Elisabeth, elle a parfois dû se « laver le corps avec du shampoing », n’ayant « pas les moyens d’acheter du gel douche dans l’immédiat ».
Dons Solidaires est parti à la rencontre de trois jeunes Toulousains – Elisabeth, Chloé et Thomas – qui nous racontent leur quotidien d’étudiant ou jeune actif, parfois difficile lorsqu’il s’agit de se procurer des produits de première nécessité comme les produits d’hygiène. Mais aussi, le rôle de l’épicerie solidaire Entr’act qui a contribué à améliorer leur quotidien.
Précarité hygiénique : les jeunes en première ligne
Triste rappel : en 2023, 34 % des Français limitent leur consommation de produits d’hygiène de base, faute de moyens. Un chiffre en hausse dans un contexte inflationniste, comme le démontre le Baromètre Hygiène et Précarité de l’IFOP pour Dons Solidaires.
Les jeunes sont particulièrement touchés, entre les charges qui pèsent sur eux durant les études et les difficultés d’insertion sur le marché du travail. Sans faire forcément une croix définitive sur les produits d’hygiène, les compromis sont donc fréquents. Pour Chloé, c’est surtout « faire le choix d’une qualité moindre » ou « hésiter à acheter certains produits alors qu’ils paraissent franchement basiques ».
Le risque ? L’instauration d’un cercle vicieux rendant encore plus difficile l’obtention d’un travail et les relations en général. Comme l’explique Thomas, l’hygiène est un facteur prédominant dans les relations sociales : « Si tu n’es pas ‘’sain’’ vis-à-vis des autres, forcément tu ‘’passes moins bien’’ (…) et au final ça te précarise socialement ! »
Conséquence, 37 % des jeunes ont déjà renoncé à sortir en raison d’un sentiment de malaise lié à leur apparence personnelle, comme le confirme Elisabeth.
Quand je ne pouvais pas me payer certains produits en raison de la précarité hygiénique, je ne sortais pas, je restais enfermée chez moi…
Elisabeth, étudiante bénéficiaire de l’épicerie Entr’Act
Les épiceries solidaires, acteurs incontournables de la lutte contre la précarité hygiénique
On peut saluer en France ces dernières années la multiplication des épiceries solidaires. Ces commerces de proximité, véritables lieux d’accueil et d’échanges, permettent l’accès à des denrées essentielles pour un coût symbolique, aux personnes ayant peu ou pas de revenus.
L’épicerie Entr’Act à Toulouse en est un bel exemple. Elle propose des produits alimentaires mais aussi non alimentaires, fournis en partie par Dons Solidaires, à des personnes en difficulté. Le mercredi matin est dédié à l’accueil d’étudiants : une centaine par an, selon Sonia, responsable du Pôle étudiant de l’association.
Si les produits les plus sollicités en matière d’hygiène sont basiques (dentifrice, savon, serviettes…), les bénéficiaires retrouvent comme dans une supérette classique le droit à la diversité au sein d’une même catégorie, pour répondre au mieux à leurs besoins. Illustration Par exemple, en matière d’hygiène menstruelle, : Entr’Act propose des protections classiques mais aussi des cups ou culottes de règles grâce à Dons Solidaires et ses donateurs. Des produits plébiscités par de nombreuses jeunes femmes auparavant peu envisageables.
Nos étudiantes ont accès à ces produits d’hygiène menstruelle qui sont onéreux [en grande surface], mais en plus, elles ont le choix !
Sonia, responsable du pôle étudiant de l’épicerie Entr’Act
Économiser, Estomper, Estime de soi : les 3 « E » gagnants des épiceries solidaires
Les bénéfices premiers pour les consommateurs sont bien sûr pour le porte-monnaie. Thomas estime que faire ses courses à Entr’Act (où il est d’ailleurs en service civique) lui enlève ainsi chaque mois « 30 % de ses charges ».
Corollaire de cet allègement de la facture : une atténuation … de la charge mentale. Plus besoin pour Elisabeth de choisir, donc, entre son plein d’essence et ses repas, ni de se doucher au shampoing !
Depuis que j’ai découvert l’épicerie solidaire, je peux manger correctement à ma faim. L’épicerie nous permet de pouvoir ‘’relâcher’’ (…). Cela enlève un poids énorme sur nos épaules.
Elisabeth, étudiante bénéficiaire de l’épicerie Entr’Act
Concernant l’accès à l’hygiène corporelle, les témoignages confirment son impact sur la confiance en soi. Pour Chloé, cela touche même à la notion, encore plus élémentaire, d’intégrité.
On se dit que c’est comme ça, on fait avec… Mais, à partir du moment où j’ai eu accès à certains produits d’hygiène, j’ai senti un gain de confiance. C’est quand même valorisant, ça rend juste humain. On se sent être une personne ‘’entière’’.
Chloé, intermittente du spectacle, bénéficiaire d’Entr’Act
Un grand merci à toutes nos entreprises partenaires, qui, par leurs dons, permettent à Chloé, Elisabeth et Thomas et à tant d’autres de préserver un sentiment de dignité si fondamental !
Merci également à Entr’Act pour son accueil à Toulouse, ainsi qu’aux personnes qui ont témoigné et participé à informer et sensibiliser à cette précarité silencieuse.
Un article écrit avec la contribution d'Eve Roullet
Découvrez les témoignages d'Elisabeth, Chloé et Thomas en vidéo
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